Comment vivez-vous l'immersion dans un jeu ? Options

[meduz']

Attention, pavé (et accessoirement pas un sujet pour les petites frappes ).


Tout en regardant l'émission de Gameblog sur Heavy Rain (PS3, bientôt dispo), il m'est venu une idée de sujet, ou plutôt une interrogation, l'occasion idéale d'alimenter cette partie du forum propice à l'expression de nos âmes de joueurs . Vu comme ça troll sur Heavy Rain, normalement, là, vous vous dites « MER IL ET FOU :donax: »

Le sujet du pourquoi du comment

Mon propos concerne principalement les jeux où un travail non négligeable a été fait sur le scénario, l'environnement, le background, la psychologie des personnages ou sur tout autre chose susceptible de donner une consistance, une profondeur à l'immersion. Parmi les jeux qui répondent à ce critère, on fera rentrer facilement une bonne partie des jeux d'aventure au sens très large du terme :

• des point and click (Monkey Island, Myst, Runaway) ;
• des RPG (Final Fantasy, Tales of, Golden Sun) ;
• des jeux avec entre autres de l'action (Metal Gear, Bioshock, Zelda, Resident Evil, Metroid, Assassin's Creed)

On peut certainement trouver d'autres genres de jeu où un travail qui renforce l'immersion a été fait, mais je pense que les noms évoqués ci-dessus donneront une idée suffisamment précise à tout le monde pour comprendre de quoi je souhaite parler . Qu'on connaisse ces jeux ou séries sur le bout des doigts importe peu, j'ai moi-même pas fait la moitié des jeux de la moitié des séries évoquées. Pour ceux vraiment à la ramasse, imaginez-vous simplement dans une salle de cinéma en train de voir un film à forte tendance immersive (The Lord of the Rings, La ligne verte ou tout ce que vous voulez) qui vous scotche à votre siège.

Nous y voilà. Ce qui m'intéresse, c'est d'avoir une vue sur les différentes façons de vivre l'immersion, voire les différents types d'immersion (en ne gardant que les immersions au moins un peu fortes) dans un jeu, sur ce qui vous touche et vous captive en tant que joueur. Je ne cherche pas nécessairement à savoir ce qui provoque l'immersion, ce qui absorbe le joueur, le fait décrocher de ce qui se passe ailleurs que sur l'écran et au travers de ses tympans. Cela est également intéressant mais je ne sais pas si c'est le gros de ce sujet (j'ai du mal avec mon idée, je crois).

On s'installe confortablement

Personnellement, pour les jeux qui m'absorbent, j'ai besoin d'en profiter pleinement, dans les meilleures conditions possibles : extinction des lumières, monter un peu le son, enfermer ma copine à la cave quand le jeu ne l'intéresse pas, éteindre le téléphone et tous les appareils qui font du bruit (l'ordinateur, par exemple) et ne pas avoir le ventre vide dans les deux prochaines heures. Une fois tout cela fait, j'ai fait grosso modo abstraction de mon environnement et je suis prêt à m'immerger dans le jeu. Ce sont les prérequis idéaux, pas forcément indispensables mais si je peux mettre les chances de mon côté, autant le faire. Ensuite, évidemment, j'allume la console, menu, machin, etc., c'est parti. Pour rédiger ce sujet et pour que les mots collent au mieux avec ce que je souhaite exprimer, je me suis dans ces conditions (lumières éteinte, seul à la maison, musiques de Myst III dans les oreilles) et j'ai rayé de ma tête les Wii Sports, Mario Bros., Street Fighter et tout ce qui n'a pas grand chose à faire dans ce sujet afin de ne pas m'égarer.

Un exemple au hasard

Être immergé dans un jeu ne vient pas nécessairement dès les premiers instants où on le commence. Parfois, le processus d'immersion prend du temps, il faut le temps de comprendre ce qui se passe, ce qu'on nous veut, où se situe l'action, la vie du jeu, etc. Je prends pour exemple Portal, un jeu particulier, une espèce de prototype aussi bien en terme de mécanismes de jeu qu'en terme d'expérience émotionnel, peu importe son attachement à l'univers de Half-Life et tant pis s'il n'est pas l'exemple d'immersion le plus frappant. Si on devait découper Portal très grossièrement, ça donnerait quelque chose comme ceci :

1. d'abord la prise de contact avec les mécanismes du jeu (en gros les 8-9 premières salles de découverte où « la voix » est notre amie) ;
2. ensuite la prise de contact avec les motivations des personnages et l'installation d'une vague intrigue (qu'est-ce qu'on fait là ? pourquoi on le fait ? et qui sont les acteurs du jeu ? il s'agit des salles qui précèdent l'évasion et durant la traversée desquelles on commence à mettre en doute les intentions de la voix) ;
3. et enfin la phase de développement simultané de l'intrigue et de l'exploitation des mécanismes du jeu (à partir du moment où la voix affiche clairement son intention de nous éliminer et où le joueur doit s'échapper).

C'est très sommaire. En réalité, dans le jeu, ces trois points se chevauchent à certains moments du jeu, au travers de certains indices, etc. Et, de mon expérience, l'immersion vécue dans Portal peut se dérouler en trois phases se superposant approximativement à la découpe que j'ai faite :

1. La découverte des mécanismes, faire mumuse avec les portails, les boutons, les cubes. Le jeu étant un ovni, c'est en gros une découverte et un petit apprentissage pour à peu près tous les joueurs qui ont essayé le jeu. C'est extrêmement plaisant et on se prend vite à essayer tout et n'importe quoi. On devient vite Portal Gun-addict, on aime le joujou, et on veut l'utiliser. L'environnement est relativement pauvre mais peu importe, ce n'est pas là que se situe l'accroche du joueur. D'abord, c'est le mécanisme qui prime et qui absorbe. À ce moment de découverte, mon immersion est partielle mais pas trop mal entamée. Ce n'est pas un environnement fort qui m'a accroché mais un juste un concept, rien d'autre : pas de level design hyper complexe (reconnaissons qu'en terme de prise de contact avec le jeu, c'est juste un minimalisme suffisant), ni d'environnement spectaculaire, ni de scénario complètement renversant. Là, on tient rien, juste un générateur de portails et, pourtant, on est dedans. C'est pas encore l'extase mais vu qu'on est déjà dedans avec trois fois rien, on s'attend à vivre vraiment un putain de truc de malade (ce qui ne sera que moyennement le cas, mais c'est un autre sujet).
2. Rappel : c'est toujours mon expérience personnel que je raconte, rappelons-le, et l'envie de la confronter à celles des autres est le seul intérêt de ce long sujet. J'explique comment j'ai kiffé certaines choses, comment j'ai été immergé, et ça m'intéresse d'avoir des retours et points de vue sur comment vous êtes immergés, pas nécessairement dans Portal mais dans n'importe quel jeu où on peut le sentir suffisamment.
   
   Une fois le Portal Gun un peu maitrisé s'installe alors une partie de l'intrigue. La façon dont elle s'installe est très progressive et, petit à petit, l'immersion du joueur bascule : si au début ce sont les mécanismes du jeu et le Portal Gun qui m'ont accroché, désormais, c'est le doute sur ce qu'il se passe qui devient très progressivement mon centre d'attention. Je ne rentre plus dans la compréhension du fonctionnement du jeu mais dans la compréhension des faits. Au final, c'est l'intrigue qui m'intrigue et je suis maintenant dans un jeu où la mise en scène domine. J'ai toujours envie de faire mumuse avec le Portal Gun mais je suis bien plus préoccupé par ce qu'il se passe (et par les intentions de la voix), plongé au coeur de ces évènements. Cependant, je suis toujours en attente de ce démarrage scénaristique que je sens approcher. Finie la découverte, maintenant, il me faut comprendre.
3. La dernière phase d'immersion est assez proche de la seconde. Maintenant que j'ai compris ce qu'il se passe (si je ne veux pas mourir, je dois neutraliser la voix et/ou, soit me barrer) et que j'ai peaufiné ma maitrise du générateur de portails, il me faut agir. Je passe de l'observateur qui tentait de comprendre (acteur lattant) au stade de décideur de la suite des évènements. Pour l'anecdote, j'ai fait le jeu d'une traite et je ne savais absolument rien de lui avant de l'avoir fait, si ce n'est qu'il était court, une donnée peu importante vu que je n'avais pas vu l'heure passer en jouant. Arrivé à cette troisième phase d'immersion, je suis le joueur « dedans », qui se sent pleinement impliqué, le jeu peut commencer et je suis motivé par l'idée d'en découdre avec tout ce foutoir.

Depuis le début du jeu, les puzzles se sont enchainés d'une manière progressive et à un rythme plutôt constant et j'ai été plongé de plus en plus dans ce qui se passe à des degrés différents. Portal aura ainsi été une expérience particulière sur ce plan, en plus de l'être grâce à son concept.

Conscient de la longueur du message, je ne permettrai pas d'ajouter un autre exemple. Là, hop, je crois que je ferais que m'embourber, c'est déjà assez difficile à exprimer tout ça de manière cohérente et je ne pense pas avoir parvenu totalement à le faire.

À vous (si vous êtes pas mort ) d'expliquer comment vous vous immergez dans un jeu . Qu'est-ce qui se passe en vous quand vous avez votre pad en main, les yeux rivés sur l'écran et que le jeu vous captive ?

Edit : le même sujet sur les forums de Factornews.

[Manmedaz]

J'ai tout lu mais je n'ai pas l'envie et le temps pour l'instant de développer sur le sujet. Je serais donc bref : The cake is a lie .

[Draco]

Quel sujet difficile à débattre, tu sais, moi, je ne suis qu'un humble barbare, demander moi de me sentir comment je suis quand j'écrabouille la gueule de quelqu'un je te répondrais par Crom mais là... Allez, aidez la meduse a ne pas se prendre son premier bide du forum comme Cooljedi et son Magic

[CooLJeDi]

Forcément, dès qu'il s'agit d'un jeu ou il faut un minimum réfléchir et où il n'y a pas de putes à se taper c'est sûr ça ne peut faire qu'un bide ici . Mais le topic Wii Sports Resort de Zeg est très prometteur également .

Pour revenir à ce que dit Meduz, c'est vraiment intéressant et très peu abordé. Pourtant, je pense que ce qu'il souligne est le problème majeur que l'on peut imputer à des joueurs qui ne distingue plus vraiment le vrai du virtuel. Ce problème est beaucoup plus présent dans le jeu de rôle (sur papier pas JV), où l'on a en effet un dédoublement total de son personnage et donc une immersion bien plus importante.

Dans le jeu vidéo, l'immersion est plus difficile à définir. Dans portal par exemple, pas grand chose dans son univers permet de s'identifier à nous même. Ce qui veut dire que cela passe par d'autres facteurs comme la jouabilité, l'interface. Je ne pense pas que les graphismes ou le style de jeu intervienne car par exemple un jeu de voiture est aussi immersif voir plus pour moi qu'un RPG par exemple. Du coup je crois que ton point 2) où tu parles du scénario d'un jeu dans l'immersion est complètement secondaire à mes yeux.

Une des grandes arrivées au 21 ème siècle renforçant considérablement l'immersion pour beaucoup de joueurs est d'être confronté à d'autres humains/aspect communautaire du jeu. Soit le principe du MMORPG et qui entraîne les dérives que nous connaissons chez certaines personnes.

Ce message a été modifié par CooLJeDi - Jeudi 14 Janvier 2010, 08:43.

[meduz']

En fait, j'excluais volontairement de mon sujet certains genre de jeux, comme les jeux de caisses. Dans un vroom-vroom-game, l'immersion est avant tout une question de feeling du joueur par rapport à des sensations de conduite, renforcées par la réalisation du jeu. Le background, les personnages, le scénario, ça n'intervient pas du tout (ou alors assez peu) dans ce genre de jeux. Ça reste intéressant également, mais j'exclus les jeux de caisse, de baston, de sport, de plate-forme pure, les party games, etc. car le scénario et le background du jeu et des personnages n'interviennent pas de manière majeure sur l'immersion du joueur.

Pour les MMO, je ne vois pas trop ce que tu veux dire, j'ai l'impression que tu t'attaches plus à l'identification du joueur à un personnage qu'à l'immersion du joueur dans tout ce qui fait le jeu (environnement, personnages, histoire...). Même si on peut être plongé dans la vie d'un personnage, l'immersion n'est pour moi pas réduite à ça. La plupart des jeux ne se jouant pas en vue subjective limite (plus ou moins selon le jeu) le rapport d'identification au personnage, et tout le travail se situe ailleurs, je pense notamment aux jeux de type point and click.

Edit : pour Portal, tu n'as pas eu une impression d'« événements malsains » à certains moments, quand on doute de la voix ?

[CooLJeDi]

Effectivement, tu cibles beaucoup plus sur une partie de l'immersion procuré dans un certain type de jeu (je parlais de façon plus générale). En effet, en dehors de l'ambiance du jeu (musique, graphismes) les rebondissements dans un scénario permettent de plus s'immerger. Mais aussi à la façon d'un livre, d'un roman. L'exemple que tu cites (je ne pourrai pas venir dessus étant donné que je n'y ai pas joué ) se retrouve aussi dans plein d'autres jeux, souvent vers la fin ce qui enclenche chez moi une espèce de frénésie où tant que j'aurai pas vu la fin je ne serai pas rassasié . Mais ça ne fait pas tout.

L'immersion par les mécaniques de jeu est aussi assez intéressante à analyser. Par exemple sur Brutal Legends, pas original pour un sou (bon j'en suis qu'au début) même si tu as un décor hallucinant (ce qui est le cas), des musiques déjantées (aussi), et un scénario rigolo servi par une bonne dose d'humour, j'ai failli m'endormir devant après 3h de jeu, faute à un gameplay pour l'instant assez basique. Et c'est vrai que dès qu'on découvre le gameplay, dès qu'on commence à en comprendre ses mécaniques, c'est à ce niveau là pour moi où on atteint un pic d'immersion. La répétitivité (RPG, click and point...) dans un jeu, souvent ajoutée pour augmenter la durée de vie nuit vraiment à cette immersion, cette possession du jeu sur ta personne qui ne dure que quelques secondes.

Tout ceci n'est qu'un point de vue personnel (qui rejoint en partie ton analyse). C'est peut être pour cela que j'aime les jeux de société/cartes car même si les règles sont identiques d'une partie à l'autre, il existe toujours une infinité de situations à gérer (et donc plus immersif).

Ce message a été modifié par CooLJeDi - Jeudi 14 Janvier 2010, 12:41.

[sangocid]

Bah ça dépend du type des jeux.

Pour un jeu d'aventure (rpg, action, fps (autres que les onlines genre TF2, CS)) j'ai besoin d' y jouer 2 bonnes heures en étant tranquille d'esprit, avec des beaux graphs, une bonne bande sonore (soit au casque si je joue de nuit, soit avec des enceintes autres que celles merdiques des télés ) et un bon scénario. J'aime bien avoir à beuwaaaaaaaare et à bouffer aussi à coté de moi pour éviter de me lever

Après pour des jeux de combats ou de sports, la seule immersion que je peux trouver c'est au niveau de l'ambiance dans la salle de jeux avec les potes qui gueulent lors d'une action de fou ou qui se marrent sur un truc ridicule. Avoir des bons pads aussi est super important sinon je vais raller comme un relou que j'arrive pas à jouer sur cette manette de merde

Ce message a été modifié par sangocid - Vendredi 15 Janvier 2010, 15:01.

[meduz']

Juste pour info, y'a eu un peu de participation au sujet sur Factor.

[Ziell]

Flemme de créer un topic là-dessus car ya pas de topic Actu Nintendo donc je cherchais un lieu de ponte et celui-ci paraît à peu près désigné puisque ça a un rapport avec l'immersion

Nintendo Trademarks Luigi's Mansion (Again) : c'est vrai qu'à côté des remakes minables sur Wii censés exploiter les zupers fonctions de la Wiimote, une suite/un remake de Luigi's Mansion serait tout désigné, suffit de revoir un artwork du jeu pour comprendre que la prise en main sera immédiate.

[meduz']

Merci de ta contribution, mais on s'en contrecogne de cette news . Cela dit, je verrais bien un Luigi's Mansion sur la prochaine console de salon de Nintendo.

[Xerto]

L'immersion est surement plus importante quand elle demande au joueur de s'impliquer dans ces choix. Deus Ex est particulièrement immersif, on nous propose plusieurs choix radicalement opposés. On peut décider de tuer ou non certaines personnes, il y a des alliances qui se font et se défont. Et ça, ça donne l'impression d'être dans le jeu. Un jeu où rien ne peut-être laisser au hasard, où tout a des conséquences, est à mon avis ce qu'il y a de plus immersifs. Imaginez : vous êtes Link, vous entrez dans une maison et vous pétez un vase (on l'a tous fait).
- Version Nintendo : le PNJ la ferme, on ne va quand même pas crier sur le héros du temps
- Version normale : le PNJ vous crie dessus, vous botte hors de chez lui et vous interdit de rerentrez. Ce qui peut poser problème si le PNJ est important pour une quête.

Le background est aussi très important. D'ailleurs VALVe s'en donne à coeur joie le plus souvent, en créant de faux sites sur Aperture Science ou Black Messa.